La Cour constitutionnelle a tranché : Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, est condamné à 10 ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics dans l’affaire Bukanga-Lonzo. Deux autres personnalités tombent avec lui : Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et le Sud-Africain Kristo Stéphanus Grobler, condamnés chacun à 5 ans de travaux forcés.
Le projet agro-industriel censé nourrir la RDC se révèle être un gouffre financier. Sur les 279 millions de dollars décaissés, seulement 34 millions auraient été investis concrètement. Le reste ? Volatilisé.
Matata Ponyo et Grobler sont jugés coupables d’avoir détourné 156 millions USD.
Matata Ponyo et Mutombo sont également reconnus coupables d’un détournement de 89 millions USD.
La sanction ne s’arrête pas à la peine privative de liberté : la Cour ordonne la confiscation des biens des trois condamnés, proportionnellement aux sommes détournées. Une manière de tenter de récupérer une partie des fonds publics évaporés dans ce que beaucoup qualifient désormais de « cauchemar agro-industriel ».
L’arrêt de la Cour pointe une gestion défaillante du projet, confirmée par des pièces versées au dossier. Mais au-delà de la procédure judiciaire, ce verdict jette une lumière crue sur l’impunité longtemps dénoncée autour de la gestion des grands projets d’État.
Matata Ponyo, qui s’est longtemps présenté comme un réformateur économique, voit ainsi son image gravement écornée. Reste à savoir si cette condamnation marque un véritable tournant dans la lutte contre la corruption ou si elle ne sera qu’un épisode de plus dans une justice à deux vitesses.